LANCEMENT

"Les affords d'aber !"

" Pardon ! Les affaires d'abord." Cet incident trivial de la vie quotidienne - un bafouillement - est moins insignifiant qu'il n'y paraît. Ainsi sera-t-il question ici de tout et de rien, de choses banales, d'évènement minuscules, d'observations anodines. Pas du tout sur le mode d'un journal intime, plutôt comme un carnet de croquis en mots, sans esbrouffe, simplement. Un carnet d'écriture. De tout et de rien. Or le rien contient tout. A titre d'exemple voici une anecdote infinitésimale.

 

Le centre d'ophtalmologie a un sas d'entrée et de sortie à double porte. Un patient pousse la porte intérieure pour sortir. Au même moment, en face de lui, une préposée en uniforme pousse de son côté la porte extérieure d'entrée. Chacun retient sa porte ouverte.

 - On échange nos portes ? propose-t-elle.

Avec de grands sourires complices ils opèrent un savant pas de deux avec un double objectif : faire se croiser les personnes sans que les corps se heurtent, tenir les portes en laissant à chacun le temps de passer* avant leur fermeture. Enfin un signe de tête et un sourire de bonne entente.

 

Ce pourrait être tous les jours la journée de la civilité et de l'égalité des sexes.

 

A partir de riens, une flopée de riens en veux-tu en voilà, une ribambelle, une guirlande, une cascade, une kyrielle de riens, peut-on espérer crayonner une esquisse pertinente d'un monde désirable ?

 

* Bien lire passer et non ... un autre verbe qu'une malencontreuse faute de frappe aurait pu inventer. Comme quoi un rien devient énorme.